Avec Molière, dans les coulisses du théâtre
Co-auteur de la pièce, Jean-Philippe Daguerre nous offre un voyage dans le temps, alors que commencera l'année Molière.
Jean-Philippe Daguerre, qu’est-ce que le voyage de Molière ?
C’est une histoire que nous avons inventé avec Pierre-Olivier Scotto, un ancien pensionnaire de la comédie française, qui connait bien Molière pour l’avoir jouer à de nombreuses reprises. De mon côté, j’ai monté huit pièces de Molière, et nous nous sommes dit qu’à l’occasion de l’année Molière, il fallait rendre hommage à Molière et plus largement au théâtre en général.
Que raconte donc cette pièce ?
Le voyage de Molière, c’est l’histoire d’un jeune comédien du XXIe siècle, appelé Léo et âgé de 20 ans. Léo est un passionné de Molière et passe une audition pour une pièce. Pour mettre toutes les chances de son côté, il a d’ailleurs revêtu un costume du XVIIe, tout en gardant son jean troué, au cas où le metteur en scène a prévu une mise en scène contemporaine. Léo a le trac ; la peur l’envahit. D’un coup, il s’évanouit et se retrouve… à Pézenas, au XVIIe siècle, au milieu de la troupe de Molière lui-même. A partir de là, tout en s’inspirant de faits réels et en reprenant des scènes de pièces de Molière, nous avons imaginé une histoire avec des rebondissements. Ainsi, par exemple, nous créons une histoire d’Amour entre Léo et Armande, qui sera la deuxième femme de Molière. Mais, évidemment, Léo ne veut pas changer le cours de l’histoire. Il le sait : Armande est destinée à Molière…
Pourquoi avoir imaginé cette téléportation ?
Nous ne voulions pas faire un biopic historique comme il s’en fait beaucoup. Ce que nous voulions, c’était faire découvrir le processus de création artistique. L’écriture, bien sûr, comme cela a déjà été fait, avec Edmond, par exemple (Edmond a été joué aux Herbiers, en 2018, NDLR), mais faire découvrir également la mise en scène et la direction de scène. Le public ne sait pas ce qu’est le métier d’un metteur en scène.
Donc, vous allez dévoiler les coulisses d’une pièce de théâtre…
Exactement. Nous montrons les difficultés du métier de metteur en scène, ses doutes, etc. A travers le jeune Léo, nous faisons entrer le spectateur par un trou de souris dans le monde du théâtre. On va voir les acteurs préparer le spectacle !
Vous n’avez pas peur de démystifier ainsi le théâtre ?
Je ne pense pas que nous démystifions le théâtre. Au contraire, faire participer le spectateur au processus de création d’une pièce est passionnant. Je n’ai pas peur de montrer notre artisanat… Et puis, nous montrons les coulisses d’il y a 400 ans. Vous savez, le théâtre est en crise ; nous avons été confinés plus que tous les autres, pendant des mois. Donc, je pense que montrer les coulisses du métier n’empêche pas
Vous venez d’utiliser le mot « artisan ». Un artiste, c’est d’abord un artisan ?
Oui, il y a une part d’artisanat dans notre travail. On construit quelque chose. Un comédien travaille avant de jouer sa pièce. Evidemment, il y a l’aspect artistique. Mais avant d’être artiste, nous sommes artisans.
Pourquoi jouer Molière en 2022 ?
Mais, pour la modernité du propos ! Dans ses pièces, Molière a des réflexions très modernes, sur la place de l’autorité, de la famille, des femmes, etc. Molière, c’est aussi un comédien qui a écrit pour jouer. Il sait jouer ; il a le sens du théâtre. C’est un homme à tout faire et c’est ce qui fait sa spécificité. On joue aussi Molière pour son style. On parle bien de la « langue de Molière ». Ce n’est pas pour rien. Il y a une qualité du mot dans la phrase, aussi bien en prose qu’en alexandrin... C’est exceptionnel. Et puis Molière a l’art de s’adresser à tout le monde, autant à un public érudit qu’à un public populaire.
Concrètement, le voyage de Molière, ça donnera quoi ?
Il y aura huit comédiens sur scène, qui sont aussi, musiciens, chanteurs, danseurs… Je profite donc de leurs talents pour qu’il y ait des instruments de musique, de la guitare, du violon, du violoncelle… Il y aura un décor en bois d’esprit classique et moderne, et, enfin, nous serons accompagnés par une musique originale de Petr Ružicka, un grand compositeur avec qui cela j’ai déjà travaillé à cinq reprises.
Pratique
- durée : 1h15
- Plein tarif : 20 € ; tarif réduit ou adhérent : 15 € ; PASS Culture
- Renseignements : 02 51 66 95 41 - culture@lesherbiers.fr
- Réservation en ligne
Autour du Spectacle
- Répétition publique le 7 janvier à 19h au théâtre Pierre Barouh
- Rencontre avec Jean-Philippe Daguerre le 11 janvier à 19h à la bibliothèque
- Un échange avec les artistes aura lieu à l’issue du spectacle du 11 janvier
Conférence sur Molière le 25 janvier
Dans le cadre du cycle de conférences données à la Tour des arts, Diane Gouard donnera un éclairage sur Molière et les oeuvres qu'il a inspirées le 25 janvier à 19h.