"En Famille : et si on prenait le temps ?" le 18 octobre
Psychosociologue, Jean Epstein est un expert reconnu en parentalité. Il est, entre autres, l’auteur de "Nous sommes tous des parents formidables : 80 clés pour réussir l’éducation de nos enfants." (2019).
Très sollicité, nous avons pu caler un moment restreint pour évoquer brièvement sa conférence... faute de temps ! Finalement, notre septuagénaire nous consacrera plus de 45 minutes pour évoquer les grandes lignes de sa conférence du 18 octobre sur "En famille : Et si on prenait le temps ?". Morceaux choisis.
Jean Epstein, prendre le temps c’est important ?
C’est même central dans une famille que l’on soit un enfant et bien entendu des parents. Beaucoup d’études le démontrent d’ailleurs scientifiquement. Au Québec et aux Etats-Unis, il y a une quinzaine d’années, la question des enfants hyperactifs a soulevé l’importance des temps familiaux et plus précisément des repas. On s’est rendu compte que ces enfants hyperactifs mangeaient quand ils le voulaient - car le rythme de vie outre-atlantique est bien différent - et n’avaient jamais eu l’habitude de s’asseoir à table. Le jeu en famille est aussi très important dans cette question de la place de l’enfant dans la famille. Je conseille d’ailleurs souvent de faire jouer les enfants avec les grands-parents. Ils vont apprendre à gagner… et surtout à perdre et c’est pas grave.
Prendre le temps, c’est aussi prendre du temps pour soi c’est-à-dire autour de la notion de temps libre.
Vous avez le sentiment qu’on n’en prend pas assez du temps pour soi ?
Bien sûr, c’est plus qu’un sentiment, c’est une réalité. Vous savez le parent doit être disponible mais pas corvéable. En parallèle, j’évoquerai aussi ce sentiment d’isolement de certains parents qui ont donc encore moins de temps pour eux. C’est le cas des néo-ruraux, qui ont quitté les centre-urbains, qui se retrouvent dans des régions idéalisées par les vacances et qui ne connaissent personne autour.
Le temps, c’est n’est pas forcément qu’une quantité ?
On nous parle souvent du temps à passer avec les enfants, mais la qualité de ce temps prime sur la quantité. On peut passer beaucoup de temps avec nos enfants et leur casser les pieds. Ce qui est important, c’est la richesse des temps que l’on partage. Il y a de « mauvais parents »– je blague bien sûr – qui mettent leur enfant à la crèche quand il ne travaille pas. C’est bien sûr une bonne chose pour qu’ils prennent du temps pour eux mais aussi pour les enfants.
Un des points que vous développerez évoque des injonctions sociales qui nous envahissent. Qu’en est-il ?
Il faut prendre en considération les besoins fondamentaux de l’enfant, c’est-à-dire dormir, manger, bouger, interagir. Je vois plein de crèches, d’écoles maternelles où des parents vont dire « empêchez-le de dormir, on le mettra au lit plus tôt le soir ». Le sommeil est un temps important. Il y a des petits dormeurs, de grands dormeurs, d'autres ont besoin de faire la sieste jusqu’à 5 ou 6 ans.
Ne pas répondre aux injonctions sociales, c’est aussi ne pas chercher à ce que l’enfant soit en avance sur les autres… cela nous donnera aussi l’occasion d’apporter des réponses sur la valorisation d’un enfant qui ne "rentre pas dans le moule".
Vous abordez bien entendu les écrans…
Les écrans nous touchent directement car cela interfère énormément sur la communication de la famille.
Il suffit d’aller au restaurant. J’étais à Lille il y a quelques semaines, à côté de moi, les parents 30-35 ans, les enfants une dizaine d’années et tout le temps du repas tous les 4 avaient leurs écrans. La petite fille était encore plus rusée puisqu’elle tenait l’écran de la main gauche et elle mangeait de la main droite. « Ces familles-là », il y a en des milliers d’exemplaires…
Je travaille beaucoup avec Serge Tisseron (psychiatre, docteur en psychologie) – c’est monsieur Ecran en France, et il a une phrase que j’aime bien « Ne diabolisons pas, mais ouvrons l’œil ». Cela fait beaucoup écho à mon travail.
En famille : et si on prenait le temps ?
- Mardi 18 Octobre à 20h30
- Tour des Arts, rue des Arts
- Gratuit
- Inscription conseillée sur www.paysdesherbiers.fr ou au 02 51 66 82 27.